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FIG #7 TECHNOSPHÈRE

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Consacré à la notion de technosphère, le septième numéro de fig. engage une réflexion sur la soif de domination que les êtres humains portent sur leur environnement naturel et social et qui ne cesse de définir ce début de XXIe siècle. Cette discussion collective entre chercheurs, architectes, artistes, cinéastes et militant.es vise tout autant à replacer leurs champs disciplinaires dans ce débordement planétaire qu’à proposer des alternatives motivées par la durabilité, l’inclusion et la solidarité.



LE MYTHE DE L’INDIVIDU MODERNE : LA VIOLENCE DE LA LOGIQUE ET LA DESTRUCTION DE LA RAISON EUROPÉENNES - Juan Pablo Gutierrez


Juan Pablo Gutierrez est défenseur des droits humains, spécialisé dans les droits des peuples autochtones et délégué international de l'Organisation nationale indigène de Colombie (ONIC) et du peuple autochtone Yukpa. De la technosphère et de ses débordements, il livre une analyse qui renverse le développement totalitaire et eurocentré du mythe de l’individu moderne.


DUPLICATA - Jérôme Maillet
Jérôme Maillet se forme à l’école d’art Olivier-de-Serres à Paris et complète son cursus à l'école d'architecture de Nantes, ville où il vit depuis. Il cherche à extraire dans ce qu’il observe l’élément qui sera porteur d’universel pour se créer de nouveaux cadres de perception. Le rapport de l’homme à son territoire est une composante récurrente dans les images qu'il produit. Il explore ainsi nos imaginaires collectifs et nos manières de nous projeter dans un espace pour composer de nouveaux récits. En atelier ou en extérieur, son travail s’articule autour du dessin et de ses champs d’expérimentation.


APOLLINE VRANKEN - Entretien

Architecte femme, féministe, militante, belge, Apolline Vranken est doctorante en architecture (FNRS-FRESH) à l’Université libre de Bruxelles. Elle est l’autrice de l’ouvrage Des béguinages à l'architecture féministe. Comment interroger et subvertir les rapports de genre matérialisés dans l'habitat ? (Université des Femmes, 2018) primé à deux reprises. En parallèle de ses interventions au sein de bureaux et rédactions d’architecture, elle fonde en 2018 la plateforme L’Architecture qui dégenre, qui s’empare des utopies réalistes que sont les architectures féministes, questionne l’ordre dominant et assure un volet de conseil et de pédagogie sur la question du genre. En 2019, elle organise les premières Journées du Matrimoine à Bruxelles dont la troisième édition vient de se terminer avec succès.
Dans cet entretien, nous avons parlé de femmes, de régénération, d'intersectionnalité, d’expertise du vécu, de réappropriation du domaine public, de l’importance de se syndiquer, et de visites guidées. Nous souhaitons qu’il rende un femmage mérité au quotidien combatif et délibérément passionné qu’Apolline a fait sien.


SOILS - Cinzia Romanin


Tout en dressant un bilan ironique au sujet de l’utilisation des sols et des ressources constructives depuis la révolution industrielle, le projet « Soils » permet de dépasser la simple critique en abordant de nouvelles perspectives architecturales. Telle une plongée au cœur de la matérialité, cette exploration visuelle arpente, entre traditions et innovations, les paysages africains et occidentaux à la recherche de nouvelles façons d’habiter la terre.


CARGO CULT TECHNOLOGIQUE SUR LE PLATEAU DE SACLAY : UN ÉCOQUARTIER ZOMBIE AU SERVICE DE LA DÉMESURE - Emmanuel Ferrand
Parmi les projets pharaoniques du Grand Paris, le plateau de Saclay arrive en tête de la course à la démesure. Officiellement inspiré du modèle de la Silicon Valley, ce pôle technologique se construit en lieu et place de terres agricoles fertiles à la gloire d’une dynastie politique protégée par l’auréole éblouissante de la science. À partir d’une lecture historique du plateau, Emmanuel Ferrand, chercheur, retrace les racines de ce cluster et en dégage les (principales) incongruités.


REMPLACER LES CAMÉRAS DE VIDÉO SURVEILLANCE PAR DES CABANES À OISEAUX - Quentin Faucompré (Le Grand Soulagement)
Ce programme propose de remplacer des personnalités médiatiques et politiques, des institutions, idéologies, objets ou concepts par d'autres éléments.


ATLAS DES RÉGIONS NATURELLES - Eric Tabuchi & Nelly Monnier
Débuté en 2017 par Nelly Monnier et Éric Tabuchi, l’Atlas des Régions Naturelles a pour objectif de capturer, par la photographie, l’architecture vernaculaire représentative de la diversité du territoire français. Entre hommage et archivage, il répare une certaine injustice médiatique qui n’a cessé de creuser l’écart entre les paysages les plus photogéniques du pays et les autres, ceux dont la valeur patrimoniale (et picturale) raconte pourtant l'histoire de France. Disponible en libre accès sur leur site internet, l’ensemble des clichés est classifié selon des onglets morphologiques, typologiques, programmatiques ou historiques.
Pour ce numéro de fig., nous avons choisi de présenter de manière non exhaustive la sous-catégorie « Vestige », qui cristallise à sa manière un surpoids encore visible de la production bâtie et (tragiquement) délaissée, à l’abandon, témoin de l’accélération des temps modernes.


IL VA NOUS FALLOIR UN PLUS GROS BATEAU - Thierry Beghin
Série photographique qui parle de l’homme quand il est parti. Quand le silence revient, les routes s’arrêtent au milieu de nulle part, le plastique décore les arbres comme après une fête, les passages pour piétons mènent droit dans le mur : notre agitation ne laisse pas de sens, seulement des traces.


UN BEL AVENIR - Lucie Taïeb
Le texte évoque deux phénomènes distincts : d’une part, les récentes inondations en Allemagne et en Belgique, d’autre part, l’actuelle exploitation de mines de charbon en Allemagne, qui a impliqué la destruction de nombreux villages et zones naturelles.


PORT NORD - Emilie Léveillé
L’ancien port industriel de Chalon-sur-Saône – dans le quartier dit du « Port Nord », fermé depuis 2003 –, est occupé en grande partie depuis plusieurs années par les membres du collectif et de la compagnie La Méandre, qui ne cherchent pas à s’inscrire absolument dans le long – culture squat oblige. Ce lieu est devenu vivace, en s’adaptant hors normes, avec ses activités-accueils artistiques, dans cet environnement parfois rude mais privilégié, dans un des extrêmes bouts de la ville, au-delà du pont de Bourgogne, pendant que, plus de six mois par an, hors saison touristique, les péniches immeubles accostent et surplombent le quai l’hiver, par temps de crue.


LES GÉOGRAPHIES D’HUGO - Hugo Amour
Homme-trans-pédé-incesté, des mots qu’Hugo s’approprie, fait sien, qui sont autant de stigmates à partir desquels il ancre sa poésie, sa littérature, à partir desquels il se déploie. Sa littérature est faite d’auto-fiction, d’autoportrait, car pour lui, écrire, c’est toujours partir de soi, seule possibilité de tendre vers le monde.


AFFECTS SPÉCIAUX - Carlos Solano
Mais qu’est-ce que la fin du monde a-t-elle de si « spectaculaire » ? Tandis qu’Hollywood s’acharne vainement à en faire le portrait via des films dont le budget dépasse l’entendement, il existe d’autres manières d’en faire cinéma : celles qui miroitent sans public, sans happy ending, sans relâche, notre manière d’habiter le monde.


ÉNERGIES/DÉSESPOIRS - Encore Heureux, Bonnefrite, École Urbaine de Lyon
Énergies Désespoirs est une exposition qui présente des mondes qui s’effondrent et d’autres qui sont reconstruits et réparés collectivement. Fruit d’un dispositif collaboratif entre l'agence d'architecture Encore Heureux, la section de recherche en Anthropocène de l'École urbaine de Lyon et l'artiste Bonnefrite, l'exposition compose une forêt de 120 affiches peintes.


LEARNING FROM FRANCE - Inès Journoud & Laure Nicoud
PFE, ENSA VERSAILLES
Lauréat Prix des diplômes 2021 de la maison de l’architecture d’île de France


fig. #7

titre technosphère

2022

190 x 255 mm

141 pages

ISSN
2493-3597

20 €

édito

Consacré à la notion de technosphère, le septième numéro de fig. engage une réflexion sur la soif de domination que les êtres humains portent sur leurs environnements naturels et sociaux qui ne cesse de définir ce début de XXIe siècle. Cette discussion collective entre chercheur·euses, architectes, artistes, cinéastes et militant·e·s vise tout autant à replacer la responsabilité de leurs champs disciplinaires dans ce débordement planétaire qu’à proposer des alternatives motivées par la durabilité, l’inclusion et la solidarité.

La technosphère désigne la totalité des constructions d’origine humaine, des premiers outils jusqu’aux dernières avancées technologiques, en passant par les infrastructures, les marchés industriels, les différents moyens de transports et l’ensemble des produits transformés. Comme le rappelle Jan Zalasiewicz, « la technosphère [...] est non seulement faite de nos machines, mais aussi de nous autres, humains, et de tous les systèmes sociaux et professionnels grâce auxquels nous interagissons avec la technologie : usines, écoles, universités, syndicats, banques, partis politiques, Internet ». Ces exploitations infinies et déséquilibrées sont issues de ressources terrestres limitées. Une étude publiée dans la revue Nature révèle que le poids de la technosphère aurait récemment dépassé celui de la biosphère. Ce renversement fatidique aurait eu lieu à la fin de l’année 2020. Autrement dit, les océans, les glaciers, les forêts et les millions d’êtres vivants qui les habitent ne font désormais plus le poids face à nos obstinées catastrophes. On parle même de technofossiles comme (futurs?) restes archéologiques des objets technologiques qui normalisent inlassablement notre quotidien.

La récente victoire de la technosphère sur la biosphère est une conséquence du détachement que l’Occident opère entre l’homme et la Nature. Reconnaître la personnalité juridique à des entités naturelles, leur conférant ainsi des droits « à exister, se développer et évoluer » est une des possibilités de renverser ce rapport dans le but de protéger la Nature. En Corse, le fleuve Tavignagnu a désormais les droits « de vivre et de s’écouler », ainsi que « le droit de ne pas être pollué », mais c’est une initiative isolée et inédite en Europe. Les changements de la Terre sont le reflet des changements dans les sociétés humaines. Lorsqu’ils sont écoutés, ils offrent l’opportunité de réviser notre manière d’habiter le monde. Dans son ouvrage consacré aux cabanes, Marielle Macé part de l’idée que notre rapport moderne au monde mériterait d’être reconsidéré: «Nous n’avons pas l’habitude d’être à l’écoute des choses qui ne parlent pas ; nous ne savons pas comment nous y prendre pour les entendre et pour nous relier à elles. » La pensée de l’autrice incarne l'importance de retrouver un certain état primitif dans l’idée même du progrès et l’urgence de réinterpréter notre cohabitation avec tous les vivants.

Emblèmes critiques de cette société en surpoids, les zones à défendre, comme tous les autres territoires de résistance, s’opposent localement à des projets d'aménagement dangereux pour l’environnement ou la santé publique. La réprobation médiatique de ces formes d’opposition est représentative du déni dans lequel nous semblons être tombés maladroitement. De la société civile à la classe politique, l’intolérance omniprésente empêche une adaptation collective qui n’admettra aucune limitation ou privation de la liberté, qu’elle soit celle des humains, des animaux, des fleuves et de tout ce qui fait Nature. Ces fondements sont encore trop discrets dans les programmes des candidat·e·s aux futures élections présidentielles françaises, contraints par l’actualité tragique de s'orienter encore plus sur les questions sécuritaires et de budgets alloués aux armées.

Aujourd’hui, les combats qui visent à posséder des territoires pèsent davantage que ceux qui veulent les protéger. On déploie l’artillerie lourde pour annexer des nations en leur faisant la guerre. Pour la première fois depuis des décennies, l’Europe est menacée par une puissance nucléaire. À l’heure où nous écrivons ces lignes, la Russie poursuit ses bombardements contre l’Ukraine, à Kharkiv et Marioupol, tandis qu’Odessa et Kiev se préparent à une attaque terrestre. Près d'un million d’ukrainiens qui sont en train de fuir la guerre sont accueillis un peu partout en Europe et reçoivent un élan de solidarité incomparable avec les épisodes précédents de vagues migratoires, pour lesquelles on préférait le terme de « crise des migrants ». Refugees welcome! Mais il ne devrait exister aucune hiérarchie entre les réfugiés, qui par définition tentent de trouver refuge hors de leur région ou de leur pays d'origine dans lesquels ils étaient menacés par une catastrophe naturelle, une guerre, ou toutes sortes de persécutions. N’oublions pas que, sans actions, il y aura 216 millions de réfugiés climatiques en 2050, sans compter ceux qui, comme les ukrainiens aujourd’hui, fuiront les bombes et la violence. Comment redéfinir nos modes de création, de conception et de consommation?

L’époque nous somme d’inventer de nouveaux paradigmes par des chantiers créatifs et politiques. À travers des récits divers et engagés, ce numéro observe l’architecture, l’art et la société comme des formes possibles de libération d’une perversion sociale qui fait de l’excès une banalité.

« Nous n’avons pas fini d’imaginer à quoi pourrait ressembler un monde plus durable et plus juste, et surtout nous n’avons pas assez expérimenté. La bonne nouvelle, c’est que l’humanité n’a jamais été aussi éduquée, aussi connectée, donc aussi équipée pour l’immense chantier collectif qui l’attend.»

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