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Dans la lancée du premier numéro, construit sur un temps très court, nous avons voulu montrer que l’architecture est un recueil dans lequel chaque bâtiment est un protagoniste. Il fallait laisser la parole aux fantômes afin de doter l’architecture d’un langage puis de coller son oreille au mur pour écouter. Ce numéro fait partie de la série présentée lors du DNSEP de Fanny Myon à l’ESADSE. Entre poésie, critique et essai, il initie l’hybridité des discours caractéristique de la revue. Il présente également le partenariat de la revue avec la fonderie Longtype, qui fournit gracieusement la fonte Ecam sur laquelle repose encore aujourd’hui l’identité graphique de la revue papier.

© photos
Chantal Casanova

fig. #1

titre prosopopée

2021

190 x 255 mm

36 pages

ISSN
2493-3597

épuisé

édito

Nous croyons que l’architecture n’est pas une jolie robe muette. Elle est un tissu, rugueux, troué, qui transcende le papier glacé, dépasse la représentation ; s’excite au contact du vent, brûle face à celui du soleil. Elle est un océan de couleurs, échoué sur une palette, un arc-en-ciel brouillé dans un nuage. Elle est l’odeur du silence et la chaleur du vide. C’est dans cette complexité qu’elle est si bavarde. L’architecture doit être lue dans l’épaisseur qui lui confère une imperfection réaliste. Nous croyons que l’architecture, dans son imperfection, écarte le monde d’un nihilisme à priori grandissant. La perte d’un but n’est-elle pas la conséquence sine qua non de la perte d’un sens ? Comme si, face à la dématérialisation des savoirs, l’énergie sociale se dissipait, la communication s’éteignait, laissant s’épaissir un essaim d’échanges virtuels, faisant Fi du temps et de l’espace. Alors, il faut se baisser et écouter les bâtisses immobiles qui ont tant à nous dire dans leur silence de plomb. Nous croyons que l’architecture, à priori silencieuse, se meut, souffre, rit, pleure, pense, même.

Si je suis un frère, Que j’arrache son papier peint, Que je caresse un garde-corps, Que je vous dévore, Que je vous prenne la main, Rien ne diffère.

Nous croyons que l’architecture est un recueil, dans lequel chaque bâtiment est un protagoniste. Par là même, nous conférons à l’Architecte la figure d’Auteur. À nous maintenant de laisser la parole aux héros.

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